« Hé Manu, tu descends ? » Rien qu’en lisant cette phrase, t’as peut-être déjà un sourire au coin des lèvres. Parce que, si tu as grandi dans les années 80/90, ce nom te dit forcément quelque chose : Manu, le lascar cool, pas méchant, un peu feignant, toujours paumé, mais diablement attachant ! Le mec qui vit pour son scooter, ses potes et ses plans foireux. Et derrière ce héros du quotidien, il y a bien sûr Frank Margerin. Mais soyons honnêtes : connais-tu vraiment Manu ? Pas juste le dessin animé qu’on regardait entre deux bols de Chocapic, mais ce petit phénomène culturel qui a marqué toute une génération, celle d’avant Internet et des réseaux sociaux, quand nos gags passaient encore par la télé du salon.

📺 Des bulles à l’écran : la naissance d’un ado pas comme les autres

Tout commence en 1989. La société Jingle, petite boîte française de production de films d’animation, propose à Frank Margerin d’adapter son célèbre personnage Lucien pour la télé. Mais Margerin, attaché à son univers BD et à ses codes, refuse : pas question de voir ses créatures dénaturées sur un écran.

Au terme de deux ans de collaboration, Christian Masson, producteur exécutif chez Jingle, réussit à le convaincre de créer un nouveau personnage original : ce sera Manu, spécialement imaginé pour La Cinq.

Margerin ne fait pas les choses à moitié. Il conçoit les storyboards depuis Angoulême, tandis que l’animation est réalisée au Japon et en Chine. Le résultat ? Un ado au nez pointu, à la houppette blonde et au Perfecto bien vissé sur le dos.

Plus léger que Lucien, Manu cible un public plus jeune, sans perdre le ton décalé et populaire de son créateur. Et très vite, le public accroche !

🤘🏼 Un ado de banlieue, une crête blonde et des bêtises en série

Manu, c’est d’abord une série d’animation française de 135 épisodes de 3 à 7 minutes, créée par Frank Margerin et réalisée par Jean-Yves Raimbaud (le papa d’Oggy et les Cafards et des Minikeums). L’histoire ? Celle d’un ado de 14 ans, un banlieusard avec une crête blonde, le cœur léger et les idées souvent mal placées. À ses côtés, son pote Robert, éternel râleur, qui passe plus de temps à réparer les bêtises de Manu qu’à les éviter.

Chaque épisode tourne autour d’un thème du quotidien, toujours prétexte à un gag, une morale légère et beaucoup d’énergie. Un vrai condensé de l’esprit Margerin : tendre, un peu moqueur et résolument rock.

📌 Où l’avez-vous vu ?

La première saison débarque le 3 mars 1990 sur La Cinq, à 19 h 40 et 20 h 40, avant et après le journal télévisé du soir. Des épisodes courts, rythmés, parfaits pour une dose de bonne humeur entre deux infos. L’année suivante, Manu revient dans l’émission Youpi. Et, une deuxième saison voit le jour en 1992. Elle sera en effet diffusée sur France 2 dans Sparadra.

Et comment oublier ce générique au saxophone signé Claude Sitruk ? Quelques notes jazzy, et nous voilà replongés dans une époque où même les dessins animés avaient du groove.

😮‍💨 La fin d’une chaîne, la fin d’une époque

Derrière la bonne humeur, l’histoire de Manu, c’est aussi celle d’un pan entier de l’animation française. Produite par le studio Jingle, la série bénéficie d’un budget conséquent (13,5 millions de francs !). Mais, malheureusement, le dépôt de bilan de La Cinq en 1992 entraîne une vraie hécatombe dans le milieu. L’année suivante, Jingle ferme ses portes, emportant avec lui une part de cette créativité à la française.

🗯️ Du petit écran à la BD

Fort du succès de la série, Frank Margerin reprend les aventures de Manu sur papier.
Trois albums voient le jour :

• L’Insupportable Manu (1990)
• L’Abominable Manu (1991)
• Le Danger public (1994)

🎂 En 2025, Manu fête ses 36 ans !

Aujourd’hui, Manu reste une véritable madeleine de Proust pour toute une génération. La série a même eu droit à des sorties en VHS. Et l’on peut encore dénicher, au détour d’un vide-grenier, quelques pins.

Même s’il garde une place particulière dans nos cœurs, vous pouvez (re)plonger dans les épisodes de Manu, disponibles sur Dailymotion.

Parce que Manu, ce n’était pas qu’un simple dessin animé : c’était un miroir. Celui d’une jeunesse simple, un peu paumée mais joyeuse, qui faisait des bêtises sans hashtags ni filtres.

Alors, maintenant, est-ce que tu connais vraiment Manu ?